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13 avril 2007

Peut-on réduire l'ART à la seule maîtrise d'une TECHNIQUE?

Il est clair que l’artiste va commencer par acquérir une technique, un savoir-faire, c’est à dire se donner les moyens de conduire son intention vers la réalisation.

Le peintre apprendra le rapport entre les couleurs, la perspective, les clairs-obscurs et toutes les techniques de mise en œuvre de la matière.

De même l’artiste commencera au départ par s’inspirer de ses maîtres, par acquérir leurs règles de composition, leurs styles, leurs techniques.

Il va d’abord s’inspirer des autres. Au fond si l’artiste n’avait aucune technique, son œuvre serait le fruit du hasard et ressemblerait à celle qu’un enfant est capable de faire.

Dire que l’artiste se doit d’acquérir et d’appliquer une certaine technique ne signifie pas pour autant que son art se réduise à l’application de cette technique.

En effet, autant il est possible d’acquérir une technique, un savoir-faire, autant il est difficile voire impossible d’acquérir un style propre, une originalité autrement qu’en se confrontant au processus de la création lui-même c’est à dire au fond à soi même.

Il existe des écoles d’art mais il n’existe pas d’école pour devenir des génies. En fait, tout se passe comme si la technique n’était au départ que le moyen de se débarrasser de la technique ou plutôt de la dépasser en créant des règles nouvelles.

Un exemple pour illustrer la "construction" de l'artiste, du génie, avec "en toile de fond" l'Homme : DALI

http://www.dailymotion.com/MELMOTH/surréalisme/video/x3l97_salvador-dali

D’ailleurs, n’est-ce pas ce qu’affirmait KANT, lorsqu’il définissait le génie en disant : "le génie est le talent qui consiste à produire ce dont-on ne saurait donner aucune règle déterminée; il ne s’agit pas d’une aptitude à ce qui peut être appris d’après une règle quelconque; l’originalité doit-être sa première propriété."

On comprend donc alors pourquoi l’œuvre d’art se caractérise d’abord par son originalité, sa singularité, en ce que l’artiste doit être créateur, novateur.

C’est donc surtout en cela que l’artisan se différencie de l’artiste dans la mesure où l’artisan a acquis des règles qu’il se doit de reproduire afin de fabriquer un objet répondant, lui, à une fonction bien précise, déterminée.

L’artisan saura à l’avance ce qu’il va faire et comment il va le faire, même s’il est toujours possible qu’il modifie quelques règles, développe une certaine créativité.

L’Œuvre d’art, elle, ne répond même pas au minimum fonctionnel de n’importe quel objet artisanal. Ce qu’on appelle objet décoratif ne relève en rien d’une œuvre d’art mais a une fonction bien déterminée de décorer la maison.

Au fond ce qui fait la difficulté de l’œuvre d’art, c’est qu’échappant à toute définition et n’ayant aucune fonction se caractérisant par sa singularité, son caractère fondamentalement novateur, échappant à toute conceptualisation, n’ayant aucune valeur d’usage, on finit par avoir le sentiment qu’on peut à la fois tout en dire et pourtant jamais épuiser le sens qu’elle recèle.

D’ailleurs si l’artisan a un statut social bien déterminé, exerce une profession dont le but est de gagner sa vie, l’artiste, lui, créé par passion; son art n’est donc pas mercenaire comme le dit KANT.

C’est sans doute la raison pour laquelle jusqu’au XVI°s environ, l’artiste et l’artisan n’étaient pas différenciés dans la mesure où tout deux exerçaient une fonction reposant sur la maîtrise d’une technique.

C’est surtout à partir de la révolution industrielle que l’artiste a acquis un statut différent car autant l’artisan a pu être remplacé par la machine, autant l’artiste a conservé sa singularité.

L’Œuvre d’Art, enfin, en plus de son originalité, de sa "beauté", se trouve chargée d’émotions, de sentiments, porteuse, comme l’affirme HEGEL, d’idées.

C’est lui, d’ailleurs qui définissait l’œuvre d’art comme la représentation sensible d’une idée, c’est à dire, d’une conception particulière du monde.

C’est pour ces raisons que l’on peut être désorienté, désappointé, choqué, dubitatif voire scandalisé.

Mais n’est-ce pas, au fond, normal dès lors que l’on sait que l’œuvre d’art est en rupture avec son époque et pourtant intemporelle, qu’elle est unique et pourtant universelle, porteuse de sens et pourtant susceptible d’être indéfiniment questionnée, interprétée.

Il y a donc bien une singularité de l’œuvre d’art qui la rend irréductible à l’application d’une simple technique.

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